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III


J’ai écrit : il recommençait. Ce n’est pas tout à fait exact.

Depuis que la grande affaire s’est terminée, j’ose le dire, en eau de boudin, aboutissant simplement au triomphe de quelques-uns de ses paladins intéressés, sans apporter la moindre réforme, sans tenir la moindre de ses promesses, laissant debout les juges militaires, les bagnes militaires, les sottises militaires ; depuis, donc, cet édifiant avortement, l’écrivain, à jamais dégoûté, a jeté sa plume. Il s’était rué dans la bagarre, avec frénésie, se dépensant sans compter, offrant sa poitrine aux coups, largement. Mais, de bonne heure, il comprit. Encore une désillusion à ajouter à tant d’autres.

Le numéro final de La Feuille est comme une sorte de testament. Cela s’intitulait : « La dernière aux Anarchistes ». Le pamphlétaire s’occupait de l’explosion d’une poudrière de Toulon et il marquait, non sans humour, que tous les efforts des dynamiteurs et tous leurs attentats faisaient piteuse figure à côté de cette pétarade. Et il criait à ceux « qui ne désarment pas » : Plus de chapelles, plus de systèmes, plus de théories. L’individu par-dessus tout !

Il disait d’eux : « C’est immédiatement qu’ils veulent vivre ; c’est sur l’heure qu’ils s’affranchissent des tutelles et des mots d’ordre. Chacun sa route. Au cours de tous les événements, en dehors de tous les partis, ils lancent le cri de révolte. »

En-dehors. Tout Zo d’Axa est dans ce mot. Son individualisme n’a rien de la « surhommanie ». Rien de moins nietzschéen que ce vagabond qui ne peut supporter ni joug ni entrave. Rien non plus de l’égoïsme étriqué