Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’entrait chez les fleurdelysés que muni de cartes spéciales et en montrant, si l’on peut dire, patte blanche. Tous les as du royalisme devaient parler à cette réunion : les Daudet, les Maurras, les Bernard de Vesins, d’autres encore. Et toutes les dispositions étaient prises pour recevoir l’ennemi.

L’ennemi, lui (c’est-à-dire les démocrates et les révolutionnaires), était mobilisé. Toute la Jeune Garde était sur pied. Les chefs de section avaient placé leurs troupes aux alentours de l’Hôtel des Sociétés Savantes, boulevard Saint-Germain, place Saint-Michel… Des cordons d’agent barraient le passage, interdisaient l’accès de la rue Danton. Mais quelques-uns des nôtres avaient réussi à se procurer des cartes et ils pénétrèrent dans la salle.

Immédiatement reconnus, ils furent entourés. Et, alors, se produisit un incident assez curieux.

Maurice Pujo, qui faisait la police de la réunion, s’était précipité.

— Messieurs… pas de bataille ici… Il s’agit d’une conférence d’idées… Il y a des femmes, des enfants… Je vous en prie. Nous nous retrouverons ailleurs. Mais pas ici… pas ici.

Alors nos amis saluèrent et se retirèrent. Au dehors, une foule compacte se pressait, attendant. On ne pouvait pénétrer aux Sociétés Savantes, soit ! Mais gare la sortie !

A la sortie, encadrés par les policiers, les camelots se retirèrent en bon ordre. Un groupe de jeunes gens emprunta le boulevard Saint Germain, puis la rue du Four, narguant le public, brandissant des matraques. Mal leur en prit. Les révolutionnaires étaient sur leurs talons. Il y eut un moment où l’un des camelots se détacha un peu de son groupe, provoquant les nôtres. Ah ! le malheureux ! Il fut saisi, happé, entraîné, jeté contre un mur. Pendant