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il s’enfuit, les épaules courbées, se terra en province, accablé par ce coup brutal du sort.

C’était là du joli travail. Du travail de Basile. Si je rappelle cette histoire, c’est qu’elle m’a paru propre à illustrer certaines méthodes odieuses et qu’il faut, tout de même, que de telles saletés soient épinglées.

Et le jeune D…, demandera-t-on. Voilà. Il s’engagea pendant la guerre. Il chercha à coups d’audace et d’héroïsme, sa réhabilitation. Et, un soir, il tomba, tué raide, en première ligne.

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D… mis hors de cause, les Camelots triomphaient, mais leur arrogance fut telle qu’ils négligèrent toute prudence. Ils s’attaquèrent aux révolutionnaires et les dénoncèrent comme des « amis de l’ennemi ». Cette imprudence allait provoquer l’entrée en lice des Jeunes Gardes.

Ceux qui, d’ailleurs, habitaient comme moi le Quartier Latin et hantaient ses brasseries, se déclaraient excédés par l’insolence des troupes royales dont il leur fallait subir le tapage, les cris, les chants, les laïus, voire les provocations. Véritablement, ces messieurs abusaient. On les avait, jusqu’alors, laissé faire et se débrouiller avec les étudiants républicains, estimant que c’était là une querelle à laquelle il importait peu de se mêler. On avait tort. Se croyant certains de notre neutralité et, du reste, s’imaginant de taille à combattre les révolutionnaires, mes bons camelots du roi, leurs chefs, leur journal, se mirent à donner de la voix.

En attendant, ils multipliaient les affiches les plus violentes sur les murs, dénonçaient les « Barbares », appelaient la guerre. Ils firent si bien qu’un matin on tint