Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Bourgeoisie. L’En-Dehors fut, qui fit valser les toupies sous des lanières d’étoiles. Zo d’Axa, cet homme bizarre, content d’être lui-même, sans étiquette de parti, sans accointances politiques, cet anarchiste ne se pouvait tolérer longtemps… »

En effet. Les amendes et les mois de prison se mirent à pleuvoir sur le journaliste. D’Axa fut arrêté, la maison du journal saccagée et mise au pillage. Début des mésaventures.

Le premier crime du pamphlétaire, ce fut d’avoir ouvert une souscription pour les familles des anarchistes emprisonnés. Il se vit immédiatement inculpé d’association de malfaiteurs. Il avait alors vingt-sept ans.

Il passa un mois dans un cachot, puis fut remis en liberté provisoire. Alors, peu désireux de retourner dans les geôles républicaines, il fila en Angleterre. Les policiers le poursuivirent jusqu’à Londres. Il abandonna les Britanniques, s’en fut en Hollande où il fraternisait avec une troupe de musiciens ambulants. Après quoi, il prit place sur un chaland qui remontait le Rhin jusqu’à Mayence, vivant paisiblement parmi les mariniers, s’enivrant d’air pur, loin des fracas et des tracas de Paris.

De Mayence, d’Axa s’enfonce dans la Forêt-Noire, se mêle aux bûcherons. Lassé, il descend en Italie. Là, les policiers l’attendaient. On envahit sa chambre d’hôtel. On l’arrête. On le conduit à la frontière autrichienne, les menottes aux mains, entre deux argousins. Cela dura cinq jours. Le sixième, raconte-t-il, je passai la frontière, les mains bleuies par les fers.

Il gagne Trieste à pied, demeure quelques jours en Autriche. Mais d’autres cieux l’attirent. Il s’embarque pour le Pirée, s’en va dormir dans les ruines du Parthé-