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d’Axa et non d’une page de Zo d’Axa. Vous ne voudriez pas, cependant, que j’écrivisse comme vous…

Il soupira :

— Vous avez raison. Mais…

Il demeura deux jours à Carolles. C’était un être plein de fantaisie et un causeur surprenant. Ces deux journées comptent dans mon existence.


II


Celui qui voudrait définir exactement d’Axa, et déterminer les influences subies par cet admirable maître de la plume, pour qui « l’action était vraiment la sœur du rêve », risquerait de tâtonner longuement… comme d’Axa lui-même. Il se chercha, en effet, patiemment, obstinément. Ce qui le guidait, c’était une sorte d’instinct irrésistible. Il finit par devenir pamphlétaire, tout naturellement. Il conquit alors, et sans grands efforts, en artiste ingénu et d’une rare sensibilité, la forme exigée par sa pensée.

Il débuta par quelques collaborations dans des journaux de Bruxelles et d’Italie. Puis, un beau jour, il fonda L’En-Dehors. Ce fut, dans les milieux littéraire et politique, un effarement. Dès le premier numéro, une épigraphe expliquait tout l’homme et l’écrivain : « Celui que rien n’enrôle et qu’une impulsive nature guide seule, le passionnel complexe, le hors la loi, le hors l’école, l’isolé chercheur d’au-delà. »

Il y avait là une singulière et dangereuse promesse. On doit avouer que Zo d’Axa l’a tenue — largement.

L’En-Dehors se rua dans la critique audacieuse et folle des institutions et des mœurs. Il prit la défense des petits, notamment des anarchistes persécutés. Mais ces