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— Vous croyez… Vraiment !

On eut quelque mal à le persuader.

Je vois que j’ai lâché Sembat. M’y revoici. Un des derniers entretiens que j’eus avec lui, à la Chambre, est demeuré dans ma mémoire. La vérité est qu’il m’enguirlanda quelque peu, se plaignant d’une critique que j’avais produite sur son livre : Faites un Roi sinon faites la Paix. Il me dit :

— Vous n’avez pas été chic… Et, d’ailleurs, vous n’y avez rien compris.

Pour commencer, j’avais fait passer une note dans la petite correspondance de mon journal où, sous prétexte de répondre à un lecteur, je disais : « Impossible de parler du livre de Sembat que nous n’avons pas reçu encore. » Sembat ne s’y trompa point. Il m’expédia le bouquin avec cette dédicace.

« À mon ami Victor Méric, qui est un cochon, en témoignage de ma vive sympathie. Mais Victor Méric est un cochon : quand on connaît le naturel chiche des éditeurs, on ne s’étonne pas qu’ayant à peine assez de services pour les quotidiens, l’auteur soit obligé de faire un peu attendre les revues et les amis. Et on ne se plaint pas comme il fait. C’est un cochon ! mais un cochon sympathique. »

Ma revue était un simple canard hebdomadaire sur huit pages, La Barricade. J’écrivis un long compte rendu du volume sous ce titre : « Ne faites pas de Roi et foutez-nous la Paix ! ». Je disais :

« Ce n’est pas à Sembat que je m’adresse irrévérencieusement ; c’est à la cohorte réjouie des camelots du Roi et d’oisons