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éternelle la proposition : Lui et nous ; lui qui dirige, à qui tout est permis ; nous qu’on mène, à qui rien n’est permis. Aux plus purs, aux plus sincères de ces derniers, il est aussi doux de sentir la force du pouvoir, que le pouvoir est doux à l’autocrate. Mais le temps des maîtres et des esclaves passe et avec lui leur sainteté relative. La chose reste, le sens s’en va.

Le monde et la vie peuvent être envisagés comme une chose qui croît, se développe, s’épanouit, aspire perpétuellement vers son élargissement final, vers sa vérité absolue. Il n’y est point de création ayant son origine au dehors ; tout est donné, tout est comme l’arbre dans la graine. Mais le développement s’effectuera dans le temps et si la graine n’est pas un arbre, le premier homme n’est pas le dernier.

L’homme est donné, mais il se détermine dans le temps.

Il est plus homme aujourd’hui qu’il y a cinq ou six mille ans, et dans l’avenir on verra sans doute dans le plus humain des êtres actuels beaucoup de traits bestiaux. Aussi notre vérité ne consiste-t-elle pas à être parfait dès aujourd’hui comme aux derniers jours du monde, mais à pénétrer le sens de nos temps, à vouloir nous élever vers les plus hauts degrés que nos regards puissent atteindre. A