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de la personnalité et de son unité, la conscience de la différence, de la non-identité, de l’inégalité, a produit dans l’histoire de l’humanité, dans la réalité empirique et sociale, des formes autocratiques de l’organisation de l’Etat et de la vie.

Mais, quelles que soient les formes des rameaux, — césarisme, papisme, autocratie russe, — la racine est une : c’est l’acceptation d’une personnalité unique, unique parce qu’elle existe seule ; c’est l’opposition de Un à Tous.

Ici s’enchaînent les débuts de deux passions qui s’étendent et s’enlacent à travers toute l’Histoire : passion de domination, passion de servitude. Egales, équivalentes, non identiques. Deux extrémités d’un seul et même bâton. On aurait tort de rendre responsables les autocrates, les tsars, les maîtres du pouvoir extérieur, de la violence, de l’esclavage ; c’est une condition sine qua non de leur existence réelle ; et la présence même des esclaves n’est-elle pas une condition semblable ? Le maître est-il quand il n’est point d’esclaves ?

Il n’est pas de force extérieure capable d’imposer la domination d’un seul sur un million d’individus qui n’admettraient pas intérieurement cette sujétion.

Non, si l’autocratie est encore, si le papisme vit, c’est dire que des gens acceptent comme une vérité