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une grande force religieuse. Mais cette force est latente encore, car l’orthodoxie n’est pas une expression digne des aspirations religieuses du peuple russe.

De nouveau, ici, le Tsar se sépare du peuple et l’orthodoxie commet « un péché mortel ». C’est à l’orthodoxie qu’incombe la responsabilité première du chaos qui règne actuellement en Russie, et c’est elle, bien que cette affirmation puisse paraître étrange, qui fera périr le Tsar. Insociable par sa métaphysique même, elle se complaisait et avait séduit ses ouailles par un idéal de fausse théocratie qui aboutit réellement à dénaturer d’une manière définitive le développement normal de l’Etat et à approuver les plus folles actions de l’autocratie réactionnaire. De cette façon l’orthodoxie a porté un coup mortel à la religion et à l’Etat. Tout ce que la Russie comptait de novateurs éclairés, fut ainsi artificiellement poussé à l’athéisme. La puissante force religieuse que le peuple tenait en réserve a passé au service de la révolution athée. Seuls, un tsar mourant, un clergé figé, les masses populaires les plus obscures qui accomplissent, à la gloire du Tsar et de l’orthodoxie, des pogromes fanatiques et de sauvages exterminations, sont restés soumis au pouvoir de l’Eglise. L’orthodoxie a trahi le Tsar et aussi le