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evoir non seulement pour tout humaniste occidental libre-penseur, mais aussi un devoir dicté par la conscience religieuse à tout croyant de lutter contre l’orthodoxie.

Au nom du triomphe final d’une vie sociale religieuse, les vrais croyants ne doivent-ils pas préférer « l’impiété » passagère du peuple russe plutôt que de le voir demeurer dans le giron de l’orthodoxie ?

La discussion sur « la foi populaire » dure depuis longtemps. Déjà les occidentaux et les slavophiles l’avaient soulevée, et jusqu’à présent la question n’est point résolue, bien que le fait même de l’existence de l’autocratie démontre la vitalité de l’orthodoxie. Les contradictions ont obscurci la question en considérant comme synonymes la foi populaire et l’orthodoxie, ainsi que les Français le font pour le christianisme et le catholicisme. Pendant que les Occidentaux attaquaient l’orthodoxie, les slavophiles et Dostoïewski même la défendaient. Ces derniers voyaient en elle un principe universel, le salut que le peuple russe apportera à l’Europe.

Si n’accordant aucune confiance ni à la politique, ni aux discussions des partis, on l’accorde à la littérature, l’unique manifestation incontestable du génie russe, on doit croire que le peuple détient