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les révolutionnaires eux, ne la jugent possible que par les grands moyens.

Dans le manifeste cité plus haut les néo-slavophiles de Moscou déclarent que l'autocratie restera immuable tant que dureront les forces réelles qui l'ont engendrée, forces parmi lesquelles la plus importante est la foi populaire ; c’est-à-dire que tant que vivra l’orthodoxie, l'autocratie ne périra pas. Cette proposition est fort juste, et il est étonnant qu’elle soit née sur les lèvres de tels enfants.

Juste d’une façon empirique et mystique. Du point de vue positif elle répond à la conception socialiste. Il est évident, comme l'a déjà dit Lassalle, qu’un régime cesse d’être illusoire seulement quand il s’appuie sur des forces réelles.

Mais les néo-slavophiles sont allés plus loin et ils ont admis comme force réelle une grandeur insaisissable, fantastique du point de vue positif : la foi populaire. Toute la question est de savoir si cette foi est forte ; existe-t-elle encore dans le peuple russe ou sous la pression du progrès et de la civilisation « ce préjugé des masses obscures », comme pensent les « occidentaux », disparaît-il peu à peu ? Mais étant donné que l’autocratie s’appuie sur l’orthodoxie, on peut aller plus loin encore et se demander si ce n’est pas un d