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bien moins chimérique que la politique posée et réaliste des libéraux. Et la République n’est point un article théorique du programme ou son aboutissement logique, mais l’unique condition de remporter la victoire de l’autocratie. Ou l’autocratie restera, ou l’on aura la République. Les socialistes révolutionnaires sentent toute la force irrationnelle de l’autocratie et comprennent qu’il faut ou l’arracher avec ses dernières racines, ou se soumettre à elle. Les libéraux auraient raison si l’autocratie reposait uniquement sur l’idée impérialiste, si elle n’était qu’une survivance de l’absolutisme occidental du XVIIIe siècle. Mais nous avons vu qu’indépendamment de ses racines historiques, positivistes, l’autocratie en a aussi de religieuses. Il est clair que comme personnalité, homme d’Etat, empereur, Nicolas II n’existe pas. Faible comme il l’est, un geste suffirait pour le jeter à bas de son trône ou pour lui mettre une muselière constitutionnelle. Sans aucun doute, pour Nicolas II, se jeter dans les bras des « cadets » serait le salut, l’unique espoir de prévenir la chute de la dynastie. Il ne le fait pas cependant. Par mauvaise volonté, pensent les cadets, à cause des intrigues des Trépof, Dournovo. C’est une grande illusion. Libres penseurs, tranquilles et sceptiques, ils ne remarquent pas le mysticisme