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coupable de la crise mortelle de son Empire. Cet empire était déjà malade quand il en hérita.

Toute la politique d’Alexandre III n’est autre chose qu’une naïve utopie ; c’est la folie d’un fanatique qui devait conduire la Russie à sa perte. L’histoire des pays catholiques ne s’arrête point pour de pareilles fautes commises par Pie IX ou Pie X ; l’Etat « athée » ou laïque a su se protéger contre l’influence néfaste du catholicisme. La Russie ne pouvait se protéger de calamités semblables, et le Tsar-Pape ne rencontrait aucun obstacle l’empêchant de tenter ses expériences sur le corps vivant du malheureux pays.

Alexandre III caressait une chimère : la transformation de la Russie en une maison de glace ; il crut y être parvenu. Mais si l'on considère de plus près sa politique d’Etat, on voit que lui-même détruisait d’une main ce qu’il créait de l’autre.

De concert avec ses partisans et collaborateurs tels que le prince Metchersky, le comte D. Tolstoï et C. Pobiédonotseff, Alexandre III travailla à la réalisation de l’idéal des tsars moscovites, à la restauration d’un Etat moscovite du XVIIe siècle, de préférence rural, et basé sur la distinction nette des classes. Personnellement, Alexandre III était très « ami du peuple ». C’était un tsar des moujiks et s’appuyant sur eux. Les paysans proches de son