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dignité, manifestant la beauté spirituelle d’un fils fidèle de l’Eglise, et croyant transmettre à son héritier un puissant empire national et vraiment orthodoxe. En ceci il s’était cruellement trompé ; son fils a reçu en héritage un état croulant, soutenu seulement au prix de sacrifices que le pays ne pouvait plus consentir. Un des réactionnaires les mieux doués de l’époque d’Alexandre III, Constantin Léontiev, affirmait que la tâche d’un Tsar orthodoxes était de « congeler la culture russe pour la préserver de la décomposition ».

L’époque d’Alexandre III fut vraiment celle de ce froid artificiel. Constantin Pobiédonostseff a dit qu’il se représentait la Russie comme «un désert déglace sur lequel plane un esprit malin ». Mais le dégel est venu néanmoins, parce qu’il ne pouvait point ne pas venir, et sous son successeur, le splendide palais d’Alexandre III a commencé à fondre, en répandant une odeur nauséabonde.

Bien entendu, Nicolas II est un des plus malchanceux autocrates ayant occupé le trône de Russie. Déjà, pendant son couronnement, plus d’un millier de ses sujets sont morts à Kodinka. Depuis, tout alla de mal en pis ; mais conclure de tout ce qui s’est passé que Nicolas II doit être rendu responsable du chaos actuel, serait prononcer sur lui une sentence injuste. Il n’est point