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de leur nombreuse progéniture venaient alors habiter dans la place préparée. Où commence l’orthodoxie, où commence la nationalité : cela était impossible à établir. La mission de russification entreprise par Alexandre III le fut, non pas du point de vue de l’empire — cette politique ne pouvait que nuire à son développement normal — mais du point de vue orthodoxe. Alexandre III a établi ainsi sa dignité de Tsar moscovite orthodoxe.

L’Eglise et les slavophiles haïssent Pierre surtout à cause de la rupture, qui commença sous son règne, de la nationalité d’avec l’orthodoxie, c’est-à-dire aussi d’avec l’autocratie. L’Eglise restait soumise à Pierre dans la mesure où il était autocrate. Il provoqua sa colère lorsqu’il cessa d’être seulement Tsar, quand son empire devint plus large que l’orthodoxie et, par conséquent, que la nationalité. On aperçoit à nouveau en ceci le fondement révolutionnaire de l’œuvre de Pierre. Alexandre III l’a compris et de cette compréhension est né son désir utopique d’étendre l’ancien esprit moscovite à tout l’empire.

Alexandre III mourut dans les bras d’un fanatique affilié aux bandes noires, à la croyance sincère, possédant un don incontestable d’exercer son pouvoir religieux sur les masses populaires : Jean de Cronstadt. Il mourut avec une grande