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avec la différenciation sociale. En Occident, le passage de l’absolutisme vers le régime constitutionnel n’était qu’un pas naturel et conséquent dans le développement de l’Etat laïque.

Il devait en être tout autrement en Russie. L’empire occidental de Pierre, lorsqu’il aboutit à son parachèvemement nécessaire, c’est-à-dire à la nécessité de se transformer en régime constitutionnel, se heurta à l’Etat moscovite, à l’autocratie, à l’orthodoxie, au nationalisme, et ne put continuer à se développer. Dès que l’empereur se trouvait obligé d’avancer sur la voie occidentale, le Tsar moscovite qui vivait en lui l’en empêchait. Le libéralisme n’a point eu son jour de triomphe en Russie et pourtant nous n’avons pas manqué d’autocrates désirant sincèrement suivre l’exemple de l’Occident : tels Alexandre Ier, Alexandre il. La tentative du premier a échoué parce que trop précoce et aussi celle du second parce qu’il était. déjà trop tard. Le libéralisme d’Alexandre Ier s’est étiolé dans l’atmosphère de l’orthodoxie ; le libéralisme tout en compromis d’Alexandre II fut tué non plus par l’orthodoxie, son ancienne ennemie, mais par un adversaire nouveau : l’idée de la démocratie. Le principe démocratique ne se contentait plus du libéralisme, vieilli déjà en Occident ; avec l’Europe contemporaine, il