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suis tous les deux ; et Tsar et patriarche », disait-il. Mais si une telle union entre le sacerdoce et l’Etat était normale dans l’ancien état moscovite de son père, elle ne l’était plus dans le nouvel empire. A Moscou, jusqu’au moment de l’avènement de Pierre, Sacerdoce et Etat suivaient des voies parallèles, sans se heurter au point de vue métaphysique. Les chocs avaient des causes purement empiriques. Le pouvoir du Tsar était sacré et le patriarche était le Tsar des consciences au point de vue religieux et aussi social. L’orthodoxie se confondant avec l’autocratie et la nationalité, il était difficile de définir ce qui dépendait de l’une ou l’autre.

Sous Pierre une sorte de séparation s’ébauche. L’autocratie devance l’orthodoxie et la nationalité. L’histoire, la culture, le progrès se sont joints à l’autocratie et dépendent d’elle. Et si les successeurs de Pierre avaient continué l’œuvre révolutionnaire de leurs prédécesseurs, ils auraient dû, obéissant à une loi générale, aboutir graduellement à la limitation de leur propre pouvoir. Pierre n’était pas, par principe, autocrate ; son but n’était pas l’autocratie elle-même ; il la considérait comme un moyen susceptible de favoriser le développement de la culture. Mais son œuvre était trop révolutionnaire ; pour atteindre