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de son père. Entre l’empereur révolutionnaire et l’Eglise conservatrice la lutte devait éclater. Pierre se hâta alors d’achever l’œuvre commencée par son père et de se soumettre définitivement l’Eglise. Mais Alexis Mikhaïlovitch luttait avec Nikon pour des causes fort différentes. S’il voulait la suprématie du pouvoir du tsar, il était guidé par des motifs intérieurs purement religieux. Tsar vraiment orthodoxe et national, il estimait que la sainte onction lui imposait le devoir religieux de veiller au maintien du « bienheureux accord de toute utilité pour le genre humain » entre le sacerdoce et l’empire dont parle Justinien.

Ses conceptions générales ne se distinguaient en rien de celles de Nikon ou d’un sujet quelconque de l’Etat orthodoxe russe.

Alexis Mikhaïlovitch s’élevait non contre l’Eglise, non contre le patriarcat, mais contre l’individualité de Nikon qui troublait la théorie bien connue de la symphonie et qui interprétait d’une manière non orthodoxe le pouvoir du tsar. La discussion restait confinée dans les cadres de l’orthodoxie.

Ce qui se passa avec Pierre fut tout autre. Il entra en lutte avec l’Eglise elle-même. Ses conception inconsciemment religieuses, mais nullement orthodoxes, se heurtèrent à l’orthodoxie et l’on put