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ue ceux qui sont en désaccord avec le pape doivent abandonner le catholicisme. Comprenant ceci, l’Etat, en Occident, se sépara peu à peu de l’Eglise. Pendant que le pape tentait d’arrêter l’histoire et caressait l’illusion qu’elle peut vraiment s’arrêter, l’Etat se développait par ses moyens propres, remplaçant l’idéal pseudo-théocratique de l’Eglise par un autre purement humain : le paradis sur la terre. Tandis que l’Église gardait la même immobilité, admettait un principe hiérarchique ayant pour origine une personnalité unique chef de l’Eglise et de l’Etat, l’Etat laïque, païen, s’élevait peu à peu jusqu’à la conception de l’idée démocratique, d’hiérarchie élective, d’autorité basée sur la volonté du peuple, de tous. Les rapports de l’Eglise et de l’Etat furent consignés dans des concordats. Le pouvoir de l’Etat se sépara du pouvoir de l’Eglise. La souveraineté internationale du pape permettait la possibilité de tels traités. Mais en Russie cette « théorie de la coordination », comme les canonistes l’appellent, ne pouvait trouver à s’appliquer. Nous n’avons point un chef d’Eglise ayant une capacité semblable à celle du Tsar et avec qui on pourrait traiter. Du point de vue du droit public, tout le clergé russe est sous la sujétion du Tsar, à la fois chef de l’Etat et de l’Eglise. On ne peut traiter avec soi-même, et le pouvoir