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du concile comme un acheminement vers les réformes libérales, de ce même concile qui craint comme le feu la chute de l’absolutisme et qui, pour épargner à l’Eglise une telle calamité, s’empresse d’établir le patriarcat, cet absolutisme à l’envers.

Le projet de rétablissement du patriarcat montre très nettement l’état d’esprit du clergé russe et mérite une attention particulière.

Les temps sont changés ; on ne peut plus parler sérieusement d une réédition du conflit de Nikon avec Alexis Mikhaïlovitch. Le clergé parle avec une grande sincérité de la symphonie entre le pouvoir du tsar et celui du patriarche ; ses membres prêteront au Tsar tous les serments, pourvu qu’il n’y ait point entre eux et le Tsar de malentendu, pourvu que le tsar lui-même existe.

C’est ici la base de tout.

Le patriarcat est nécessaire pour l’orthodoxie, parce que l’absolutisme peut tomber aujourd’hui ou demain, et l’orthodoxie pourrait être entraînée dans la chute. Sans absolutisme, l’orthodoxie est fatalement condamnée à l’éloignement de la vie publique, au monastère.

L’orthodoxie, de même que le catholicisme, n’a pas d’autre possibilité d’existence sociale, de participation dans l’Etat, que par l’intermédiaire d’un