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et passionnément le gouvernement ; il hait tous ses représentants, sous quelque forme qu’ils s’offrent à lui ». — « Fait remarquable ! le peuple russe n’a pas perdu sa foi au tsar. De ces malheurs, il en accuse n’importe qui, les propriétaires, les fonctionnaires, les prêtres, mais jamais le tsar. » Bakounine dit avec insistance qu’il faut compter avec ce « fait indiscutable et extrêmement significatif ». Le peuple est entièrement convaincu que « le tsar lui aurait donné depuis longtemps tout ce dont il a besoin, la terre et la liberté » et que cet âge d’or viendra bientôt. Avec une finesse et une précision rares, Bakounine ajoute : « L’attachement du peuple au tsar n’est pas celui de sujets ou de serfs, c’est un attachement religieux. La religion du peuple n’est pas céleste, mais terrestre : elle est le besoin, l’exigence de satisfactions sur terre. »

Je le répète, les idées sociales élevées sur une base purement matérialiste, ne peuvent pas chasser et remplacer l’idée si profondément enracinée du tsarisme, parce que celle-ci n’est pas seulement terrestre, mais aussi céleste, qu’elle est une idée religieuse, en prenant ce mot au sens où il désigne l’union du terrestre et du « céleste », de la vie intérieure et de la vie extérieure. L’idée du tsarisme, quoique tout à fait fausse, est néanmoins s