Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais, bientôt, beaucoup de ces « socialistes s’étant heurtés aux extraordinaires difficultés de la propagande sociale en Russie, se sont jetés de nouveau dans la lutte politique et même dans la terreur. Certains d’entre eux ont expliqué ce changement d’attitude par un sentiment de vengeance ; la vérité, c’est que la majorité ne savait décidément pas par où commencer, de quel côté se jeter, et se lançait tour à tour dans l’agitation sociale et dans l’action politique.

Quelle que soit leur pratique, tous les révolutionnaires ont considéré et considèrent encore à peu près de la même manière le phénomène du tsarisme : ils y voient une forme de gouvernement purement politique, un absolutisme à la manière européenne. Dans leur lutte contre l’autocratie, ils ont combattu l’idée de gouvernement impérial, qui est, en effet, contenue dans celle du tsarisme, mais qui est loin de l’épuiser. Quant à ceux qui se sont efforcés, par le moyen de la propagande des vérités sociales, de faire comprendre au peuple que sa situation économique est sans issue, ils ne se sont pas non plus clairement rendu compte du lien qui unit la conscience populaire et l’idée du tsarisme, et de la dépendance fatale où se trouvent, par rapport à ce lien, les conditions de la vie du peuple dans son ensemble.