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on voit se préciser peu à peu et grandir incessamment l’opposition tenace de deux courants différents. Déjà peu après 1860,1a révolution russe attaque son adversaire, le tsarisme, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, parfois même divise ses forces. Cette division, dont on voit les premières manifestations dans les dissentiments entre Lavroff et Bakounine, va en s’accentuant et se précisant de plus en plus. Ces deux courants, obéissant aux conditions de l’action, tantôt se rapprochaient et se mêlaient pour un moment, tantôt se séparaient de nouveau. On a considéré la situation de la Russie sous un double aspect : ou bien sous l’aspect de sa détestable situation économique ou bien de sa non moins détestable situation politique. Que doit-on mettre au premier plan dans la lutte ? Faut-il faire de la propagande sociale, dont les résultats seront une révolution politique ? Ou bien est-ce une révolution politique qui transformera les conditions économiques ? La nécessité pratique d’une préparation sociale du peuple a poussé la plupart des révolutionnaires à s’occuper surtout de propagande sociale. Aux partisans de la lutte immédiate contre le gouvernement, certains ont fait le reproche d’être des jacobins et de vouloir remplacer de force une puissance par une autre.