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III


Il est remarquable que nulle part ailleurs qu’en Russie, où le tsarisme a trouvé son meilleur terrain pour germer et grandir, la légende de l’Antéchrist n’a été et n’est encore aussi vivante. Elle s’est perpétuée à travers les siècles et a toujours été la chose dont le peuple russe s’est d’abord saisi. C’est comme une foi concrète et vivante, comme le sentiment ou plutôt le pressentiment vrai et angoissant de quelque événement pour la désignation duquel le peuple n’avait pas d’autre mot, de mot plus familier que celui d’« Antéchrist». Tout ce qui semblait contenir l’horreur suprême du plus parfait mensonge, éveillait de suite ce mystérieux sentiment et faisait murmurer le nom mystérieux d’Antéchrist. On chercherait en vain ici l’influence de l’église orthodoxe. Dans les traditions de l’église d’Orient, l’Antéchrist ne joue