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soi l’idée théocratique, et partant on pouvait plus facilement lutter avec lui qu’avec l’autocratie russe.

Hors de France, à Rome, vivait le vicaire du Christ, le remplaçant de l’apôtre Pierre, avec le consentement duquel Louis XIV régnait. Comme chaque autocrate Louis XIV pouvait dire : «l’Etat c’est moi », mais il ne pouvait dire comme le Tsar : « l’Eglise c’est moi. »

Le gallicanisme a échoué totalement et toutes les tentatives que l’Etat français entreprit pour se libérer de Rome n’ont abouti qu’à renforcer l’ultramontanisme. Si dans l’histoire le glaive temporel a souvent vaincu le glaive spirituel, la défaite de ridée théocratique du catholicisme ne s’en est pas nécessairement suivie.

L’esprit de Boniface VIII vit comme autrefois dans la Papauté, il mourra seulement avec le Pape. Pour que la suppression du dogme de l’infaillibilité du Pape, suppression proclamée encore en 1682 par le § 4 de la célèbre déclaration, entrât en vigueur, il aurait fallu que Louis XIV eût cessé d’être catholique. L’idée d’une église locale est en opposition absolue avec le catholicisme qui repose sur l’illusion de l’universalité. « Sans le Pape, il n’y aurait point d’église, bien plus, il n’y aurait plus de christianisme », disait Joseph de Maistre (« Du Pape », Introduction)