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illusion. Nos deux Doumas n’ont été que des fantômes de parlement. Or, tant qu’il existe, le tsarisme n’est pas un fantôme et il existe. Il lui a suffi de souffler sur les deux Doumas-fantômes, pour les faire disparaître, comme disparaît la poussière de la pourpre impériale. Toutes les réformes, toutes les concessions faites ne sont que des semblants de réformes et de concessions, parce que quand l’autocratie donne quelque chose, elle peut toujours et à tout moment le reprendre. Ces concessions ont pourtant leur importance, ou plutôt, elles peuvent avoir de l’importance pour les destinées futures de la Russie ; mais à condition que l'on se rende bien compte qu’elles ne sont que des apparences et non des réalités, qu’elles ne sont nullement le but, mais seulement un moyen pour aujourd’hui d’atteindre le but de demain.

Beaucoup voient bien que le tsarisme demeure entier et vivant. Mais bien peu comprennent que, quelle que soit la gravité des concessions faites par le tsarisme et même s’il nous semblait qu’il va définitivement disparaître demain, nous ne pourrions pas avoir la certitude qu’il ne se relèvera pas après-demain dans son ancienne force. Pour comprendre cet éternel danger, pour entreprendre la véritable lutte définitive et pour savoir se