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en arrière, vers le XVIIe siècle. Mais ils comprenaient bien la signification de l’orthodoxie, et sans peut-être s’en rendre compte d’une façon consciente, ils ont montré que pour arracher l’ivraie autocratique, il est insuffisant d’ébranler, comme le pensent les occidentaux, les bases empiriques de l’absolutisme, mais qu’il faut surtout anéantir son entité religieuse et métaphysique. C’est uniquement s’il abat l’orthodoxie que le peuple russe se délivrera de l’absolutisme.

Les occidentaux ont étudié avec soin l’histoire de la lutte des différents peuples avec le pouvoir royal, mais ils n’ont point accordé une attention suffisante au combat de l’Etat laïque avec l’Eglise. Pourtant l’histoire européenne nous montre avec quelle difficulté un état se libère de l’idée faussement théocratique du catholicisme. Il semble que Luther, les encyclopédistes, la Révolution française auraient dû porter un coup mortel au catholicisme. Cependant il est vivant comme autrefois. L’Europe a vaincu le despotisme royal, non le pouvoir du Pape.

On pourrait croire que l’autorité de Louis XIV était au moins aussi absolue que celle d’Alexandre III. Mais autocrate autant qu’il était possible de l’être, le pouvoir du roi, de par son essence même, était autre que celui d’un Tsar. Il ne comportait pas en