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Homme, est incompatible avec la véritable Eglise, royaume de l’Homme-Dieu. Pour l’orthodoxie, en effet, la confusion des deux royaumes est une tentation invincible. Supposons que dans l’Eglise se fasse une séparation, un nouveau raskol : une partie se sépare de l’orthodoxie et se joint à la révolution ; l’autre, privée de son maître séculier, l’autocrate, choisit un maître spirituel, le patriarche. Dans les deux cas l’Eglise renoncerait également aux vrais principes de l’orthodoxie, La seule différence serait que dans le premier cas elle dévierait dans le protestantisme et, dans le second, dévierait dans le catholicisme. Mais qu’il y ait seulement deux ou trois martyrs pour l’ancienne foi, pour l’autocratie orthodoxe, et en eux se concentrera toute la force vitale de l’Eglise. Alors celle-ci se lèvera de son lit comme se leva le paralysé de l’Evangile — mais pas au mot du Seigneur. Ce sera le commencement d’une réaction et d’une terreur telle qu’en comparaison toutes les terreurs des « bandes noires » d’aujourd’hui pâliront.

Le peuple en tout cas, va avoir à choisir entre le retour à l’autocratie sous je ne sais quelle forme monstrueuse de papauté réunie au césarisme, de Pougatscheff réuni à Nikon, et le reniement de l’orthodoxie. La révolution sortira alors de son plan actuel social-politique, pour descendre