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recteur de l’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg.

Pour la première fois l’église russe se trouvait face à face avec la société séculière, la culture et le monde, non pas pour les forcer à une fusion apparente avec elle, mais pour tenter un rapprochement intime et libre. Pour la première fois furent posées des questions qui n’avaient jamais été soulevées avec autant de conscience aiguë et de souffrance vraie, depuis l’époque de la séparation ascétique du christianisme et du monde : questions agitées par tous les chercheurs russes de la Cité de Dieu, depuis les klisty jusqu’aux décadents, depuis Novikov jusqu’à Soloviev. Les murs de la salle semblaient s’écarter et découvrir des horizons infinis. Cette minuscule assemblée était comme le seuil d’un concile œcuménique. Des discours y turent prononcés qui ressemblaient à des prières et à des prophéties. Il s’y créa une atmosphère de feu où tout paraissait possible, même un prodige : le mur de glace allait fondre et l’union se faire, les enfants allaient trouver leur mère.

Il faut rendre justice aux chefs du clergé russe. Ils allèrent au devant de nous, le cœur ouvert, avec une profonde et sainte humilité, avec le désir de comprendre, d’aider, de sauver l’égaré. Comme