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qui cherchent dans la constitution des Etats européens un exemple à suivre : les occidentaux.

Nos occidentaux aspirent donc vers une forme constitutionnelle de gouvernement. Le Tsar, le principe monarchique, exerce encore parmi le peuple beaucoup de charme, de fascination, et il ne faut pas rompre trop brusquement avec les préjugés populaires.

Attenter au pouvoir du Tsar provoquerait sans doute une forte contre-révolution. L’obscur moujik — et la Russie est surtout l’empire des moujiks — tient encore à l’idée d’une royauté, idée qui a fait son temps dans le reste de l’Europe. En conséquence, il est plus prudent de ne pas rêver à la République, de conserver la monarchie en la limitant par la représentation populaire. Le Tsar restera, mais inoffensif.

Et quand le peuple russe, grâce au temps et à la culture, aura grandi, alors seulement l’idée républicaine pourra se réaliser.

Telle est la façon typique dont les occidentaux considèrent le pouvoir du Tsar.

Les slavophiles envisageaient autrement la question. Après avoir mis en évidence que le fondement le plus important du pouvoir du Tsar réside dans l’orthodoxie, ils en dégageaient un idéal mort-né, ils voulaient arrêter l’histoire, ramener la Russie