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Russes européens tels que Maxime Kovalewsky ou Milioukoff ne pourraient rien comprendre à ces idées que de simples paysans comprenaient.

Nous leur apportions la culture universelle, d’Eschyle à Léonard et de Platon à Nietzsche ; celle ci leur est nécessaire non seulement en idéal, mais aussi en réalité, car il leur faut « de la liberté et de la terre» ; —et la liberté sur la terre est pour eux un ciel nouveau sur une terre nouvelle. Venus de deux côtes opposés du monde nous sommes arrivés à un même point. Quel effort infini et désespéré firent toutes les générations de « l’intelligence » russe pour s’unir au peuple, pour aller à lui. Mais une cloison de verre les séparait et elles se débattirent comme des mouches contre cette cloison. Nous n’avions pas à aller au peuple ; de lui-même il allait, si ce n’est à nous, du moins à notre cause. Il était nous-même, dans notre premier élément religieux ; nous étions lui, dans sa dernière conscience religieuse. Il ne fera rien sans nous (je ne prends pas nous dans le sens de personnes distinctes) ; — nous ne ferons rien sans lui, Comme lui, nous sommes des enfants sans mère, des brebis sans pasteur, des voyageurs sans asile, ne possédant pas la Cité du Présent et cherchant la Cité de l’Avenir.

Le décadentisme qui semble être la mort, le