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des amis et des complices et ne se séparait pas d’eux. D’après ses dires la petite société des soldats et des matelots de Sébastopol (la majorité de ceuxci prit part aux révoltes militaires), fut abonnée aux revues russes, les plus décadentes.

Il était resté longtemps à l’hôpital. II semblait encore malade. Ses yeux avaient un éclat brûlant, le regard émoussé et lourd comme chez les épileptiques. Il parlait comme dans un délire, précipitamment et sans suite, écorchant les mots étrangers. Il était parfois difficile à comprendre. Mais autant que j’ai pu le comprendre, il lui semblait que les décadents formaient quelque chose dans le genre d’une société secrète ; ils auraient possédé quelque moyen terrible, mais efficace, quelque « secret » ou « magie » — il employa ces mots — pour tout bouleverser d’un seul coup et faire de l’homme un Dieu. Bien que je l’assurasse qu’il n’y avait rien de tel, il ne me crut pas et continua d’être persuadé que nous possédions un secret, mais que nous le taisions.

— C’est bien, vous ne voulez pas le dire...

Et il me regarda avec une expression triste et résignée.

— C’est que l’heure n’est pas encore venue et vous vous cachez du monde. Mais quand elle sonnera, ne m’oubliez pas, appelez-moi ; je viendrai