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Voilà pourquoi le christianisme, bien qu’acceptant le mariage en parole, glisse insensiblement, lorsqu’il passe aux actes, sur la pente du célibat jusqu’à la suppression absolue du sexe, jusqu’à la castration : il g a des castrats qui se sont opérés eux-mêmes pour mériter le royaume de Dieu. C’est vers la castration que tendent toutes les possibilités et les capacités mystiques du christianisme. Qui peut suivre ma loi qu’il la suive — ce mot est appliqué au célibat avec une certitude si absolue qu’à personne n’est venu l’idée qu’il puisse se rapporter au mariage. La condition séculière, le mariage, c’est le minimum de la sainteté chrétienne ; la condition monastique, le célibat, en est le maximum. Et tout le mouvement du christianisme va de ce minimum à ce maximum, parce qu’il n’existe point d’autre direction possible. — Qui se marie fait bien, qui ne se marie pas fait mieux. — Mais, mieux et pire, moins et plus, n’existent que dans l’ordre empirique ; dans l'ordre métaphysique, absolu, il faut ou une affirmation ou une négation absolue. Cela veut dire que le christianisme n’affirme le mariage que dans l’ordre empirique et le nie dans l’ordre métaphysique.

Après avoir comparé l’Ancien et le Nouveau Testament, Rosanov conclut que dans le premier il y a l’or pur du mariage, et dans le second il n’y a