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e ni bon.

Pour comprendre la force terrible de ces mots, il fallait voir la sainte simplicité avec laquelle ils étaient dits. N’était-ce pas la brebis, la bête à boa Dieu tout à coup transformée en lion, en cette Bête de l’Apocalypse dont il est dit : qui est semblable à cette Bête et qui peut combattre avec elle ?

Quelques circonstances de sa vie amenèrent Rosanov à réfléchir sur les rapports de l’Eglise orthodoxe, puis de tout le christianisme, puis de l’Evangile, enfin du Christ lui-même — avec le mariage.

Le mariage est un sacrement ; le Christ a béni le mariage — c’est un lieu commun du christianisme semblable à cette inscription officielle que l’on met sur les billets de banque : remboursable en or.

Mais là commencent les doutes les plus profonds de Rosanov, doutes, je le répète, causés non par son peu de foi mais par sa foi en autre chose.

Si réellement le Christ a béni le mariage, pourquoi donc la sainteté suprême du christianisme n’est-elle pas le mariage, mais le célibat ?

A la loi physique d’après laquelle deux corps ne peuvent coexister dans le même espace, correspond la loi métaphysique, d’après laquelle deux saintetés absolues ne peuvent coexister dans une même religion. La sainteté du célibat annihile la sainteté du mariage et inversement.