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Il ne triomphe pas des éléments ténébreux et sataniques de la vie, même ne les voit-il presque pas : il ferme les yeux, se détourne d’eux comme font les petits enfants lorsqu’ils ont peur. Tout est bon, pas de mal — voilà en quoi il aurait voulu croire. Il ne voit pas son propre « diable mesquin », car il n’y a en lui qu’un diable mesquin et non un « satan magnifique » ; et s’il l’avait vu, il aurait eu peur comme un petit enfant et se serait réfugié auprès du premier « bon Dieu » venu — idole païenne ou icône chrétienne, pourvu que ce soit dans le petit coin familier où brûle la lampe sainte.

— Je suis un homme bon, j’aime le bon Dieu, et je ne puis souffrir toutes vos diableries ! — répondrait Rosanov aux tentations métaphysiques du satanisme. Et cette réponse naïve serait pour lui la plus sage et la plus sincère.

Le rationalisme lui est aussi étranger que le satanisme. Si quelqu’un a compris combien toutes les objections de la raison humaine contre la folie de la croix proviennent d’un malentendu, c’est bien lui, Rosanov. Credo quia absurdum, est-il prêt à s’écrier peut-être par trop facilement. Toutefois s’il renie le Christ, ce n’est pas parce qu’il croit trop à autre chose. Tout comme pour le satanisme, lorsqu’il s’agit du rationalisme, il tombe