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lgré lui. Jusqu’à ce jour Rosanov porte encore aux yeux des naïfs révolutionnaires russes la marque indélébile de la réaction. Ancien collaborateur des Moskovskié Wiédomosti, actuellement collaborateur du Novoié Vremia, lui-même fournit matière à cette accusation, en exprimant parfois des idées révolutionnaires sous une apparence réactionnaire. Son apparence, son extérieur lui ont toujours fait tort.

Dans une nouvelle de Gogol, un malheureux petit employé de Pétersbourg, Akakï Akakievitcb, est volé la nuit sur une place publique, et n’ayant pu se faire rendre justice, apparaît après sa mort comme un fantôme terrible.

— En moi, il y a quelque chose d’Akaki Akakievitch, soupira une fois Rosanov, devant un miroir. — Vous ne pouvez vous figurer combien mon apparence mesquine m’a nui dans la vie !

Mesquin, mot de Dostoiewski chez lequel, comme chez Gogol, le terre à terre, le mesquin fait surgir parfois de gigantesques visions apocalyptiques.

Quelle différence, en effet, entre ces deux visages : Soloviev d’une part, à la face d’icône de Jean-Baptiste, et d’autre part Rosanov, à la figure ordinaire d’un monsieur roussâtre à lunettes, petit fonctionnaire ou professeur de collège, fils de pope. Mais à mesure que l’on regarde plus attenti