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dans la revue décadente Mir Iskousstva. Ce fut la seule tentative, de courte durée d’ailleurs, qu’il fit pour se rapprocher des décadents. Il se détourna ensuite d’eux et, tout aussi légèrement que pour Nietzsche, pensa avoir eu raison de cette révélation de l’esprit russe, après quelques moqueries superficielles.

Dans l’article de Mir Iskoustsva, il admet que dans l’idée du Surhomme se trouve une certaine vérité religieuse positive ; l’erreur de Nietzsche c’est de découvrir l’Amérique après Colomb, de chercher ce qui est déjà trouvé. En effet, l’apparition du Surhomme, s’est déjà produite : le Surhomme n’est autre que l’Homme-Dieu méconnu — le Christ.

Pourquoi donc Nietzsche méconnaît-il le Christ ? Est-ce par malice ou malentendu ? Pouvait-il ne pas reconnaître son Dionysos Crucifié dans le Christ ? Il le reconnut, en effet, mais devint fou d’effroi. D’où vient cet effroi ? D’où vient cette haine contre le Christ qui poussa Nietzsche à se déclarer « l’Antéchrist » ? Voilà encore une question qui, semble-t-il, ne vint pas à l’esprit de Soloviev.

C’est qu’il aurait dû regarder plus attentivement ce qui se passait à côté de lui, non pas en Europe, mais en Russie, au milieu de ces décadents russes dont il crut se défaire si légèrement ou