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monde arrive — l’Antéchrist arrive », écrit-il avant sa mort sur son journal — comme s’il chuchotait ces mots dans le délire de l’agonie. En mourant, il semble sentir que l’édifice de l’autocratie orthodoxe est ébranlé, non seulement à l’extérieur, dans la réalité historique russe, mais à l’intérieur, dans sa propre conscience religieuse à lui, Dostoiewski. « L’Eglise russe est paralysée depuis Pierre le Grand », chuchote-t-il, dans ce même délire de l’agonie, et parlant de la nécessité pour le tsar d’avoir confiance dans le peuple, comme dernier moyen de salut pour la Russie, il ajoute tout à coup, comme s’il ne pouvait plus se taire : « Mais quoi ! il y a si longtemps qu’il n’a pas confiance... »

La réalité répondit à ces visions de Dostoiewski sur la confiance réciproque du tsar et du peuple par le plus terrible et triomphal des régicides. Et presque aussitôt ses prophéties au sujet de la révolution commencèrent à se réaliser, bien que dans un sens tout autre que celui qu’il avait prévu.

Mais exactement ce qu’il pouvait et devait faire à ce moment fatal qui détermina la marche ultérieure de la révolution, sa moitié toujours opposée, Tolstoï le fit pour lui.

Ce dernier écrivit à l’empereur Alexandre III une lettre dans laquelle il priait le tsar de pardonner aux régicides, priait le père de pardonner aux