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En ce sens, tout vicaire du Christ, tout pontife et autocrate est « l’imposteur du Christ » — l’Antéchrist.

La conscience religieuse de la révolution russe explique cet effroi prophétique du raskol russe : le tsar c’est l’Antéchrist ; — bien que le tsar soit aussi loin que le pape du véritable Antéchrist : l’un et l’autre ne sont que deux symboles, deux chemins qui mènent au delà de l’histoire, vers la dernière incarnation de la Bête Apocalyptique,

Le Catéchisme Orthodoxe des Dekabristes renverse la base mystique non seulement de l’autocratie, mais de toute puissance étatique quelle qu’elle soit. Il y aura pour tous un seul Roi sur la terre et au ciel, le Christ, — cet espoir des chercheurs russes de la Cité de l’Avenir n’est réalisé ni par la monarchie constitutionnelle, ni par la république bourgeoise dont rêvaient autrefois les révolutionnaires russes, ni même par la république sociale-démocratique dont rêvent les révolutionnaires actuels ; il ne peut être réalisé que par une absence absolue d’Etat et de pouvoir, par l’affirmation de la puissance de Dieu, du Royaume de Dieu.

Ainsi le premier point de la révolution politique russe donne le dernier terme de la révolution religieuse, non seulement russe, mais universelle.