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religieuse de l’affranchissement politique. Homme sincèrement croyant, torturé par le repentir du parricide involontaire de sa part, et dont il n’était qu’en partie coupable, Alexandre chercha dans la religion un adoucissement à ce tourment et ne le trouvant pas dans l’orthodoxie, devint un mystique. Le premier, sans s’en rendre compte, mais toujours avec sincérité, il sentit que l'onction de Dieu sur le front des tsars était comme une malédiction divine. Le premier, il comprit, non seulement l’absurdité politique, mais le crime religieux de l’autocratie. Dans sa jeunesse, ayant été témoin de la terreur et de l’assassinat de son père Paul, qui fut tué comme l'on tue une bête féroce échappée de sa cage, Alexandre jura de renoncer au pouvoir. — « Lorsque je renoncerai à cette tâche difficile, mon plan consiste en ceci, écrivait l’héritier. J’irai m’établir avec ma femme sur les bords du Rhin où je pourrai vivre tranquillement en simple particulier, mettant mon bonheur dans la société de mes amis et l’étude de la nature. » — Et bien des années après, lorsqu’il fut tsar, dans une conversation avec Mme de Staël, il dit, que « le sort des peuples dans la suite des siècles ne doit pas dépendre de la volonté d’une seule personne, d’un être passager et faible. » — « Mais moi, ajouta-t-il, je n’ai pas encore eu le temps de donner