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son père, Catherine II, son époux. Et parmi ces grandes victimes célèbres, les petites, les inconnues — les malheureux avortons de l’autocratie, dans le genre d’Ivan Antonowitch, étranglés comme des souris dans les coins obscurs, dans les cachots de Schlusselbourg. Le billot, la corde, le poison, tels sont les vrais insignes de l’autocratie russe. L’onction de Dieu sur le front des tsars s’est transformée en malédiction, en la marque de Caïn.

Ces révolutions firent naître l’idée d’une constitution, comme seul moyen de sauver la Russie.

La nièce de Pierre I, l’impératrice Anna Ivanowna, approuva bien une constitution. Mais appuyée sur les vieilles traditions moscovites et les nouvelles traditions pétersbourgeoises, elle déchira solennellement la charte et répondit au rêve d’une liberté politique par l’horrible régime de Biron.

Et ainsi de suite, le poids de l’autocratie augmente à chaque concession arrachée, dans le genre de la charte sur la liberté des nobles octroyée par Pierre III, du Nakaz de Catherine II, des indulgences libérales d’Alexandre I. Mais l’idée d’une constitution se fortifie aussi et devient la pensée dominante politique de tous les meilleurs esprits russes du XVIIIE siècle, se répand du cercle de la cour dans les larges couches de la société,