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tout le colossal édifice se lézarda. Un schisme se produisit d’abord dans le domaine religieux, puis dans celui de la culture et ^de la vie sociale. La Russie se divisa en ancienne et en nouvelle, en noblesse et en serfs, en peuple et en intellectuels. Les dissidents russes, les raskolniks, « gens de l’ancienne foi », furent les premiers révolutionnaires russes, bien qu’ils fissent cette révolution au nom de la réaction. Dans leur élément conscient on trouve des ténèbres, de l’esclavage, de l’immobilité, une statique infinie ; mais dans leur élément inconscient — une lumière éclatante, la puissance de la création religieuse, une dynamique infinie, ne venant pas de l’extérieur, de l’Europe, mais du fond de l’âme russe. L’impossibilité religieuse de l’autocratie orthodoxe, affirmée par les raskolniks, est peut-être fausse au point de vue historique, mais elle est vraie au point de vue mystique. Ils déclarèrent, les premiers, l’autocratie russe — le Royaume de l'Antéchrist. Le raskol et sa fusion avec les bandes cosaques de Pougatschév, c’est la révolution par en bas, la terreur noire. La réforme de Pierre, c’est la révolution par en. haut, la terreur blanche. Elle diffère de l’autre au point de vue de l’idée générale, mais non au point de vue du caractère personnel du génie de Pierre, toujours violent, brisant tout dans son