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plus grand souverain empereur, et le Sang du Christ se mêle au sang humain, versé par le tsar — « Bête apocalyptique ». En comparaison d’un tel sacrilège l’irréligion des révolutionnaires ne semble-t-elle pas une chose presque sainte ?

Si l’on prête attention, non à ce que ces derniers disent, mais à ce qu’ils font, on s’apercevra nécessairement que ces athées sont vraiment des saints. Depuis les premiers martyrs chrétiens, il n’y a pas eu de gens qui moururent ainsi ; — comme dit Tertullien, « ils volent à la mort comme les abeilles au miel ».

La révolution russe n’est pas seulement politique, elle est religieuse. Voilà ce que comprend très difficilement l’Europe, pour qui la religion est depuis longtemps chose politique.

Vous jugez d’après vous-mêmes. Il vous semble que nous faisons une maladie ordinaire de croissance sociale, telle qu’en ont fait, en leur temps, tous les pays européens : nous finirons comme vous, nous nous rangerons et nous serons bridés par la muselière parlementaire ; nous nous débarrasserons des extrêmes socialistes et anarchistes, et nous nous contenterons,