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soient pour l’homme les explosions, les meurtres, les incendies, le pillage, il existe en tout cela une parcelle de vérité, et précisément de cette vérité pour laquelle tous combattent. Qu’il s’agisse d’un point, d’une goutte jaillie de la vague ascendante, c’est toujours la même vague. Les gens appartiennent au même camp, mais parfois leur arme est grossière et mauvaise, car leur âme est terne et obscure, sauf une seule étincelle. Le cri même « tout est permis » n’est-il pas un don de l’autocratie qui pendant trop longtemps affirma opiniâtrement le dogme terrible : « Tout est permis... à un seul ». Ce dogme devait se réfléchir dans des âmes à peine éveillées par une sensation contraire : « Si lui, Un, est homme, nous tous sommes des hommes aussi et si tout lui est permis, tout nous est aussi permis, tout est permis à tous. »

Et si une telle répercussion est possible, si l’âme est terne et l’arme grossière, s’il existe tant d’âmes ternes avec une seule étincelle de vérité, à qui la faute ? N’est-ce pas à l’autocratie, à ce lourd cadavre attardé sur la terre ? Elle avait besoin du néant de tous, elle prolongeait le sommeil forcé du peuple partout où elle pouvait. Quand tout de même le peuple s’éveille, que beaucoup sont dans un demi-cauchemar, ne se retrouvent pas