Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

incipale particularité de l’âme russe, la volonté mystique, ne nous permet pas de sortir de cet ordre — la négation d’un absolu ne peut être que l’affirmation de son contraire. Sainteté contre sainteté. L’autocratie est une religion, la révolution en est une aussi. C’est ce que s’avouent le moins les révolutionnaires eux-mêmes. Dans leur conscience, ils sont athées. Le nom de Dieu leur est odieux parce qu’il est lié avec l’orthodoxie et l’autocratie, c’est-à-dire avec ce qui froisse leurs sentiments véritablement, bien qu’inconsciemment, religieux. Pour eux la religion signifie réaction. Et ils ont raison, si ce n’est en vérité positive, du moins en vérité négative religieuse. En Russie plus que partout au monde, les choses du diable, le mensonge et le meurtre, se sont couvertes du nom de Dieu. Le diable chez nous a volé le nom de Dieu. A tel point que confesser sa croyance eh Dieu signifie servir le diable. Ainsi, dans nos églises orthodoxes, au moment le plus solennel du service divin, pendant l’interruption du chant des Chérubins, terrible par sa grandeur, à l’élévation du Ciboire avec les Saintes Espèces, le prêtre dit ; le très pieux, le plus autocrate, le