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envers la chair, soit ! il est difficile de vaincre l’habitude de se soumettre aux châtiments corporels ; mais voilà qu’est apparue la violence envers l’esprit, le mensonge ! Ou peut-être faut-il trouver un tsar nouveau et meilleur ?

Non, l’âme populaire ne dira précisément pas cela maintenant. Si au nom du tsar qui n’existe presque pas, on peut mentir, voler, supplicier les gens par centaines, tromper surtout, que ne pourra-t-on faire au nom du tsar existant réellement ? Non, il ne faut pas de tsar nouveau et il ne faut pas de « nom » qui puisse donner la force et la vie à ce « quelque chose ». Quand mourra le nom vivant de l’unique, nous tous vivrons.

Avec ou sans une conscience absolue, le peuple s’est dit ceci. Que tous le disent ou pas, une seule vague a soulevé irrévocablement les vivants le jour où l’esprit vivant a senti l’injure du mensonge. Dès ce moment, personne ne pouvait plus rester en dehors de la lutté, et ici pour la première fois la Russie se divisa nettement en deux partis ennemis. Nicolas II couronné par l’Église orthodoxe, gêné et perdu dans les plis lourds du manteau de pourpre de ses aïeux, lié par le serment auquel lui-même a cru peut-être, se trouva pour la première fois réellement seul contre tous.