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L’Église le savait très bien et ne s’inquiétait pas beaucoup. Quant au manifeste, elle n’en tient pas compte et elle en a le droit ; et c’est tout.

Pourtant ces promesses fatales et trompeuses, ces paroles stupides, si je puis ainsi dire, devaient être prononcées. Elles ont accompli leur action nécessaire, elles ont servi pour le bien, sinon de ceux qui comprenaient déjà ce qu’est l’absolutisme, au moins de ceux qui s’éveillaient, et elles les ont définitivement réveillés.

La duperie entraîna l’autocratie à de nouvelles duperies d’une manière aussi naturelle qu’imprévue. Elle fut forcée de la soutenir. La Douma, promise, il fallait la convoquer ; on organisa des élections, on mit en état le palais de Tauride. Différents manifestes du Tsar parurent à propos des « gens meilleurs ». Les paysans écoutaient, l’âme populaire ne croyait pas, mais elle pensait croire.

Et enfin, ce qui ne pouvait pas ne pas se produire, eut lieu. L’autocratie, parce qu’elle est autocratie, parce qu’elle est, a dissous la Douma au moment où elle commençait naïvement à croire aussi qu’elle était. Les fantômes trompeurs se sont soulevés et envolés.

L’autocratie ne pouvait pas agir autrement qu’elle l’a fait ; mais il était impossible