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c’est ceux-là seuls qui fournissent incontestablement la preuve de leur aptitude au meurtre qui n’a plus aujourd’hui rien d’humain. Cette aptitude n’est plus justifiée par ce qu’il y a d’humain dans l’homme. Pour celui qui peut supplicier, le meurtre n’est rien, il est inutile d’en parler. Mais est-il possible que pour nos plus terribles révolutionnaires le meurtre ne soit rien ?

Il y a quelque temps de cela, l’un d’eux vint chez des amis. Il y connaissait une étudiante autrefois déportée et qui avait beaucoup vu et beaucoup souffert. Mariée depuis avec un exilé, ils s’étaient tous deux détachés du parti pour les mêmes raisons : il fallait tuer ; on ne peut pas tuer ; mais il le faut.

Or, un soir le vieux révolutionnaire vint chez eux.

La jeune femme ne l’avait point vu depuis six ans, tout en ayant entendu parler de lui. Le mari ne le connaissait pas.

Cet homme, un des chefs les plus actifs du parti terroriste, avait contribué à l’organisation des quatre ou cinq meurtres les plus marquants qui eurent une signification si fatale pour l’autocratie. Chaque fois il accompagnait celui qui devait agir : « Si vous ne réussissez pas, ce sera moi. »

— Pourquoi êtes-vous revenu à nouve