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dernière parce qu’elle est autocrate, et qu’il est, lui, son propre autocrate. Mais tout de même l’âme du peuple s’est manifestée dans la littérature et cette âme est chrétienne.

Révolution... Y a-t-il, y eut-il dans quelque autre pays de tels révolutionnaires, y eut-il cet étrange reflet du mouvement révolutionnaire ? Jetons un regard dans le martyrologue, étudions la psychologie des révolutionnaires, suivons leur vie.

Leur vie, je le répète, est celle d’ascètes détachés de tout pour une idée. Le feu de leurs sentiments est plus éclatant que le feu de leurs pensées ; ils s’assujettissent au principe sévère de l’obéissance ; le sacrifice et la lutte leur sont doux. Persécutés mais d’autant moins soumis, ne sont-ils pas dans leurs souterrains semblables aux ascètes chrétiens des premiers siècles ? Et cette manière de vivre n’est point déterminée seulement par les circonstances, mais aussi par leur psychologie. La principale impulsion psychologique chez la plupart d’entre eux, et surtout parmi les femmes, est : « Je veux souffrir, je veux souffrir pour la vérité » — devise nettement chrétienne, trop chrétienne même.

Leur athéisme est tout verbal et inévi