Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée


III


Même au point de vue des faits, on ne peut trouver aucune limite entre les « intellectuels révolutionnaires » et le « peuple ». D’abord la plupart des révolutionnaires russes sont du peuple même par leur sang. Leur instruction les a éloignés de la manière de vivre du peuple, non de son esprit. Ils y retournaient, allaient «dans le peuple», parce qu’ils appartenaient à son esprit ; mais ils ne comprenaient pas, en ce moment, que le retour est vain. Pourtant ils sentaient vaguement qu’il y avait quelque chose à modifier, qu’il fallait vaincre les mœurs, les dépasser en quelque sorte, sans passer outre. S’il était possible d’admettre qu’un fils du peuple renonçât à son esprit par suite de quelques contacts avec la culture, cela signifierait que le peuple russe n’a pas d’esprit propre, pas d’âme qui le distingue. Il n’aurait alors qu’une contrefaçon d’âme